À la tête de l’Agence Régionale de Santé depuis le 20 avril 2022, Didier Jaffre, anciennement directeur de l’offre de soins à l’ARS Île-de-France, a pris la succession de Pierre Ricordeau.
Après deux années de crise sanitaire, il rappelle les défis à relever dans une région marquée par la diversité des territoires : poursuite de la réduction des inégalités sociales de santé et d’accès aux soins, politique volontariste en faveur de l’attractivité des métiers de la santé, accompagnement de la prise en charge des personnes âgées et en situation de handicap, enjeux de la santé environnementale.
L’accès aux soins est une priorité, quels sont les travaux de l’ARS dans ce sens ?
De façon plus générale, c’est l’accès à la santé pour tous qui est une priorité. C’est une vraie préoccupation territoriale dans une région marquée par de nombreuses zones rurales ou de montagne. C’est aussi une préoccupation sociale forte en Occitanie, au regard des fortes inégalités qui marquent les habitants de cette région. Dans ce contexte, nous agissons fortement, en plaçant les besoins de santé de nos concitoyens, leurs attentes, au cœur de nos préoccupations.
L’accès aux soins, c’est d’abord l’accès à un médecin et des professionnels de santé près de chez soi. C’est une priorité pour tous nos concitoyens, sur laquelle nous sommes mobilisés avec tous les élus locaux, représentants des professionnels de santé et partenaires institutionnels. Nous soutenons toutes les initiatives qui renforcent l’attractivité de nos territoires pour y installer des médecins et favoriser le travail en équipes soignantes pluri-professionnelles.
L’accès aux soins, c’est aussi la question des établissements hospitaliers de proximité que nous souhaitons main-tenir en activité partout en Occitanie, en développant des coopérations avec nos établissements hospitaliers de référence dans toute la région.
Tous ces sujets sont liés : quand nous favorisons l’implantation de nouveaux appareils d’imagerie médicale comme les IRM dans des territoires non pourvus jusque-là, nous facilitons l’accès aux examens radiologiques, en réduisant les temps de déplacements et les délais de rendez-vous, mais dans le même temps, nous favorisons la participation à des examens ou des dépistages plus précoces, donc la prévention de complications. Ces équipements de proximité sont aussi des solutions pour éviter que des personnes plus éloignées de notre système de soin se résignent à ne pas réaliser les examens dont elles ont besoin. Voilà l’un des exemples qui illustre bien notre volonté : partir des besoins de santé de nos concitoyens dans chaque territoire et mettre en œuvre avec tous nos partenaires des solutions qui facilitent l’accès à la santé pour tous.
Bien que bouleversé par le Covid-19, quel est le bilan du plan régional de santé environnement (PRSE3) et quels sont les enjeux à venir ?
Pour chacun d’entre nous, l’environnement dans lequel nous vivons est une préoccupation essentielle. Nous savons tous désormais à quel point notre environnement et notre santé sont liés. Toutes les générations le mesurent au quotidien sur des questions très concrètes de qualité de l’air ou de l’eau par exemple. Les plus jeunes y sont encore plus sensibles, et c’est parfaitement légitime, quant à l’état de notre environnement et aux dérèglements qui impactent de plus en plus notre santé aujourd’hui comme pour demain. Dans ce contexte, nos politiques de santé publique avancent.
Cette dimension de santé environnementale prend une place de plus en plus importante parmi nos priorités de santé. C’est indispensable. Chaque Plan régional de santé environnement (PRSE) nous a amenés à faire progresser nos engagements collectifs dans ce domaine. Nous devons encore aller plus loin dans l’intégration de toutes ces priorités de santé environnementales à nos politiques de santé publique dans chaque territoire. Nous travaillons par exemple au quotidien sur les questions de qualité de l’eau du robinet que nous consommons tous. C’est un sujet crucial face à la sécheresse que nous avons connue cet été. C’est aussi une préoccupation permanente quant à la qualité et à la sécurité de cette indispensable ressource naturelle. L’enjeu est majeur : les équipes de l’ARS y travaillent chaque jour avec tous les acteurs de distribution de l’eau.
Nous avons aussi fait face cette année à davantage de transmissions de virus comme ceux de la dengue par des moustiques tigres, dans des départements qui n’étaient pas encore confrontés à ces problématiques. Le réchauffement climatique a favorisé l’implantation de ces moustiques même au cœur des Pyrénées et leur capacité à transmettre ces virus est désormais bien réelle partout. Nous allons devoir vivre avec de nouveaux risques de ce type mais nous consolidons aussi nos modes d’intervention pour réagir rapidement et casser au plus vite ces chaines de contamination épidémique.
L’enjeu majeur est celui de prendre en compte tous ces paramètres environnementaux au cœur de nos priorités de santé.
De votre point de vue, quel rôle joue aujourd’hui le mouvement mutualiste en matière de santé dans la région ? Et pour demain ?
Ce rôle est bien sûr essentiel au travers de tous les services de santé que le mouvement mutualiste déploie dans notre région. Au-delà de ces activités, je voudrais insister sur quelques atouts essentiels.
Le premier atout qui fait la force du mouvement mutualiste est son engagement permanent dans une démarche active de prévention et pas uniquement de soins. C’est une priorité pleinement d’actualité pour tous : nous partageons ce même objectif et devons davantage encore agir ensemble dans ce domaine.
Le second atout est évidemment celui de la proximité et le réseau mutualiste bénéficie pleinement de cette implantation de terrain, au plus près de tous ses bénéficiaires, y compris au cœur des zones rurales ou des quartiers plus défavorisés.
Le troisième atout que je tiens à souligner est lié à la voix des usagers, qui doit occuper une place centrale dans tous nos travaux sur les questions de santé de nos territoires.
Et à ce titre, j’invite tous les représentants du mouvement mutualiste à occuper une large place dans tous les échanges que nous menons sur le terrain, dans le cadre de la concertation en cours pour refonder notre système de santé.
C’est dans ce cadre que nous allons ensemble trouver des solutions pour toujours mieux répondre aux besoins de santé de chacun de nos concitoyens.