Sédentarité : le « mal du siècle »
La sédentarité est devenue une préoccupation majeure pour la santé des populations.
Rencontre avec Nadège Saint-Martin, responsable du pôle prévention et promotion de la santé à la Direction de la santé publique de l’Agence régionale de santé (ARS) Occitanie.
Quelle est la situation de la sédentarité en Occitanie ?
Selon Santé publique France, les chiffres de 2021 montrent que l’Occitanie se distingue par des niveaux d’activité physique parmi les meilleurs de France : 77,2 % des hommes et 64 % des femmes atteignent les recommandations nationales, des taux significativement supérieurs à la moyenne nationale. En parallèle, la région enregistre des niveaux de sédentarité plus faibles que dans d’autres territoires. Par exemple, la proportion de personnes passant plus de 7 heures par jour en position assise est de 17,7 % chez les hommes et de 19,5 % chez les femmes, bien en dessous des maxima nationaux de 31,5 % et 29,2 %. Bien que l’Occitanie tire son épingle du jeu, ces chiffres montrent qu’il reste des marges de progression pour réduire encore la sédentarité et ses effets sur la santé.
Quelles populations sont les plus touchées par la sédentarité en Occitanie ?
Les populations les plus défavorisées, qui n’ont pas accès aux équipements ou aux offres sportives, sont particulièrement concernées. On observe aussi une prévalence chez les personnes atteintes de pathologies, notamment des troubles psychiques, qui les rendent plus susceptibles de mener une vie sédentaire que la population générale.
Les Maisons Sport Santé (MSS) sont souvent citées en exemple dans la lutte contre la sédentarité. Pouvez-vous nous en expliquer le principe ?
Lancé en 2022, le dispositif des Maisons Sport Santé (MSS) s’inscrit dans la stratégie nationale sport santé qui repose sur quatre axes principaux : promouvoir le bien-être par l’activité physique, développer les Activités Physiques Adaptées (APA) pour les publics fragiles, protéger les pratiquants en garantissant des pratiques sécurisées et adaptées, et enfin diffuser largement les connaissances sur les bienfaits de l’activité physique.
Chaque MSS dispose d’un cahier des charges précis définissant ses missions, ses publics cibles, et ses financements. Certaines maisons se spécialisent, par exemple, dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap.
Quel bilan tirez-vous du déploiement des Maisons Sport Santé ?
Depuis 2022, nous avons assisté à un déploiement ambitieux des MSS. L’objectif initial de 500 maisons a été largement dépassé, avec 573 structures labellisées à ce jour, dont 65 en Occitanie (59 habilitées). Ce dispositif bénéficie d’un modèle économique clair et d’une coordination efficace, ce qui a permis d’élargir leur portée et de répondre aux besoins spécifiques des territoires. Elles sont par ailleurs une ressource précieuse pour les professionnels de santé qui peuvent y orienter les publics identifiés comme vulnérables face à la sédentarité ou susceptibles de tirer un bénéfice de la reprise d’une activité physique.
Quid des dispositifs mis en place pour les jeunes ?
Les jeunes sont une de nos cibles prioritaires. Le 3 décembre, nous avons signé un contrat pluriannuel d’orientation et de financement (CPOF) pour renforcer leur pratique de l’activité physique. L’objectif est d’agir sur deux aspects essentiels : la fréquence et l’intensité de leur activité. Nous soutenons deux actions phares. La première est le Grand défi « Vivez bougez », destiné aux enfants de 6 à 11 ans. Ce programme, soutenu par une étude scientifique, vise à augmenter le niveau global d’activité physique de ces jeunes et à atteindre les recommandations d’une heure quotidienne.
La seconde action, ICAPS (Intervention auprès des collégiens centrée sur l’activité physique et la sédentarité), cible les jeunes de 12 à 18 ans. Ce programme, promu par Santé publique France et validé par l’OMS, vise à réduire la sédentarité et à accroître la pratique sportive chez les collégiens et lycéens qui abandonnent souvent, notamment les filles, la pratique sportive en club après l’élémentaire. Ces initiatives s’intègrent dans des projets de territoire, impliquant des acteurs éducatifs, sportifs et sociaux, pour créer des conditions favorables à une pratique régulière et durable.
Vous évoquez aussi l’importance de l’activité physique pour les seniors et les personnes en situation de handicap. Quelles actions menez-vous pour ces publics ?
Nous accordons une attention particulière à ces publics, qui doivent grandement bénéficier de la pratique d’une activité physique, notamment pour prévenir la perte d’autonomie.
Des dispositifs sont déjà accompagnés par nos équipes et seront renforcés dans les années à venir. Nous travaillons notamment à la mise en place de référents en activité physique dans les établissements accueillant des personnes âgées ou en situation de handicap. Une feuille de route régionale est également en préparation pour structurer et développer davantage les activités physiques adaptées dans ces structures, que ce soit à destination d’enfants ou d’adultes.
À l’issue de cette année où l’activité physique était grande cause nationale, quels sont les défis pour pérenniser l’élan de 2024 ?
Le principal défi est de transformer l’engouement suscité par les Jeux Olympiques et Paralympiques en habitudes durables. Cela implique de continuer à mobiliser les acteurs locaux, de développer les infrastructures adaptées et de suivre l’impact des actions menées, pour inscrire l’activité physique dans le quotidien des Français à long terme.
Chiffre clé :
En France, selon une étude de l’ANSES de 2017, 37 % des adultes étaient considérés comme inactifs et 66 % des jeunes de 11 à 17 ans n’atteignaient pas les objectifs d’activité physique fixée par l’OMS.
Source : Publi-rédactionnel La Dépêche du Midi pour la Mutualité Française Occitanie
Agir contre la sédentarité : participez à la table ronde
La Mutualité Française Occitanie organise une table ronde en visioconférence sur le thème Agir contre la sédentarité, un enjeu de santé publique, le vendredi 13 décembre, de 9h à 10h30. Retransmise en direct sur Zoom depuis le Centre Mutualiste de Rééducation Fonctionnelle VYV3 Terres d’Oc, cette rencontre gratuite rassemblera des experts pour échanger autour des enjeux de santé liés à la sédentarité et des solutions à mettre en œuvre. Animée par la journaliste Valérie Ravinet, elle accueillera les interventions de Nadège Saint-Martin, responsable du pôle prévention et promotion de la santé à la Direction de la santé publique de l’ARS Occitanie, Stéphanie Ruelle, directrice de plusieurs structures mutualistes dans le Tarn, et Caroline Soulery, coordinatrice de la Maison Sport Santé Spécialisée à Albi.
Renseignements et inscription : Table ronde « Agir contre la sédentarité » https://occitanie.mutualite.fr/actualites/sedentarite-enjeu-de-sante-publique/