Santé au travail : « Aujourd’hui, la quête de sens est essentielle pour les travailleurs »

Ce jeudi 16 mai était organisée au siège de La Dépêche du Midi une table ronde sur la thématique de la santé au travail. Plusieurs sujets y ont été abordés par des intervenants spécialistes de la question.

La question de la santé au travail est devenue un sujet d’envergure de notre époque. Selon des chiffres de la Mutualité Française, plus de 200 000 travailleurs décèdent chaque année de maladies professionnelles au sein de l’Union européenne.

Dans ce sombre tableau, la France se situe malheureusement en haut du classement avec 3,5 accidents mortels du travail pour 100 000 personnes en emploi en 2019, un niveau deux fois supérieur à la moyenne européenne (1,7 accident mortel). Pire, 91 % des actifs indiquent avoir connu des difficultés de santé au travail. Des chiffres qui interpellent.

Face à ce constat préoccupant, ce jeudi 16 mai a eu lieu au siège de La Dépêche du Midi une table ronde intitulée « Le travail, c’est la santé ? », sur le sujet, vous l’aurez compris, de la santé dans le monde professionnel.

Cet événement – organisé par la Mutualité Française Occitanie en partenariat avec l’agence de communication Evelyne – était animé par la journaliste Sophie Voinis. Trois intervenants étaient présents pour participer aux débats : Mireille Bruyère, économiste, maîtresse de conférences et chercheuse au sein du laboratoire Certop (Centre d’étude et de recherche travail, organisation, pouvoir) de l’Université de Toulouse Jean-Jaurès ; Isabelle Ricard, Mandatée CFDT / Vice-présidente du CROCT (Comité d’orientation et des conditions de travail) et enfin Ronan Malgoyre, en charge des risques professionnels à la Carsat Midi-Pyrénées.

Prévenir à travers l’éducation

Pour Isabelle Ricard, l’action passe avant tout par la prévention : « Il y a une vraie éducation à faire au sein des écoles et des CFA » pour que les jeunes soient sensibilisés à ces questions avant même de pénétrer le marché du travail. Car aujourd’hui, les travailleurs ne sont que trop peu accompagnés face à ces risques de santé mentale et physique : seuls 43 % des dirigeants indiquent avoir mis en place au sein de leur entreprise une politique globale de prévention en matière de santé au travail alors que 52 % des actifs se sentent mal informés sur le sujet, avance la Mutualité Française.

Un constat révélateur pour Ronan Malgoyre, qui estime qu’il faut « davantage accompagner les entreprises dans leur schéma de prévention. Si l’objectif premier d’un chef d’entreprise est de faire de la rentabilité, pour y arriver, il a besoin de salariés motivés qui ne se tuent pas à la tâche ».

Quête de sens au travail

La santé au travail passe également par un environnement de qualité autour du salarié. Si les entreprises ont multiplié les campagnes de responsabilité sociale (RSE) ces dernières années, « attention à l’effet d’affichage, alerte Ronan Malgoyre.

Ce n’est pas en mettant un baby-foot au milieu de l’open space qu’on règle tous les soucis des salariés ». La quête de sens s’inscrit aussi dans le défi d’une meilleure santé dans son environnement professionnel. « S’épanouir au travail n’était pas une priorité auparavant, explique Mireille Bruyère. Mais il y a eu un tournant dans les années 1990. Aujourd’hui, la quête de sens au travail est essentielle pour les travailleurs ».

Les chiffres parlent en effet d’eux-mêmes : En 2023, selon un rapport de l’association Projet Sens43 % des actifs envisageaient de quitter, dans les deux ans, leur emploi pour un autre ayant plus de sens.

Source : Santé au travail : « Aujourd’hui, la quête de sens est essentielle pour les travailleurs » – ladepeche.fr