« La santé en 2012 » 500 personnes se sont réunies à Toulouse pour débattre de l’avenir du système de santé.
- Actualité
- 9 décembre 2011
Pierre-Jean GRACIA, Président de la Mutualité Française Midi-Pyrénées a ouvert cette soirée en insistant sur l’importance d’un débat et d’une réflexion de grande ampleur, à l’aune des élections présidentielles de 2012. La santé et la protection sociale restant trop souvent un sujet annexe du débat public politique alors que notre système de santé s’essouffle.
Etienne CANIARD, Président de la Mutualité Française a présenté des propositions pour assurer la pérennité du système de santé et améliorer son efficience, réinstaurer davantage de justice et d’égalité.
Ces orientations portent à la fois sur une réforme du financement de l’assurance maladie obligatoire, sur les rôles respectifs de l’assurance maladie et du régime complémentaire et sur l’amélioration de la prise en charge des patients. Elles ont été débattues avec Jean-Louis CHAUZY, Président du Conseil Economique Social et Environnemental Régional (CESER) Midi-Pyrénées, Jean-Jacques ROMATET, Directeur du Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse, Bernard GIUSTI, Président de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie de la Haute-Garonne, Jean-Louis BENSOUSSAN, Président de l’Union Régionale des Professionnels de Santé médecins (URPS), Jean-Claude ALBINET, Membre du Conseil d’administration de la Mutualité Française et Président de Mutaéro.
Comment observe-t-on les difficultés d’accès aux soins ?
M. BENSOUSSAN, constate tous les jours des indicateurs comme les problèmes de paiement… mais il évoque surtout toute la partie invisible des personnes qui renoncent totalement aux soins. Cette difficulté n’est pas seulement due aux facteurs financiers. Le parcours de soins non explicité aux assurés sociaux peut entraîner des dysfonctionnements. Comme le souligne M. ROMATET, un facteur mesurable est l’augmentation de l’activité des urgences qui ne correspond pas à une bonne utilisation de celles-ci. M. GIUSTI observe, dans le cadre du fond d’action social, de nombreuses problématiques : les reste à charge (optique, dentaire, audition) les dépassements d’honoraires, l’incidence des franchises, le transport pour l’accès aux soins, les délais… sont des facteurs limitant l’accès aux soins.
Au niveau des mutuelles ces difficultés se traduisent par une incompréhension et une contestation plus violente du coût de la complémentaire santé et de la non prise en charge des dépassements d’honoraires, pouvant aller parfois jusqu’à 1000 € pour certains actes. L’augmentation de ces dépassements se constate de jour en jour. Les dépassements d’honoraires sont légaux dans le cadre du « tact et de la mesure ». Cependant, cette notion n’a jamais été définie légalement. Comment peut-on alors maîtriser ces dépassements qui sont une réalité du système de santé ?
Quels leviers faudrait-il actionner pour faire évoluer notre système de santé ?
Comme le précise M CHAUZY, investir dans la santé c’est investir dans l’avenir. Faire travailler ensemble la communauté hospitalière, mutualiser les moyens… pour ne pas en arriver à un système à l’anglaise où les plus riches peuvent se faire soigner tandis que les plus pauvres accèdent difficilement aux soins ou pire y renoncent, ce qui porterait atteinte au pacte républicain.
M. ROMATET évoque un travail sur des programmes de pertinence des soins, une réflexion sur le chemin clinique du patient… il sera nécessaire de faire preuve d’imagination et de créativité. Cependant, comme le rappelle M. BENSOUSSAN rien ne sera faisable sans que les politiques fassent preuve de volonté et de responsabilité.
D’autres thèmes comme le circuit du médicament, la formation des médecins, la fongibilité des enveloppes et la régionalisation, le pouvoir des ARS en matière de régulation… ont été abordés donnant lieux à de nombreuses pistes de réflexion.
M. GIUSTI a conclut sur l’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme :
« Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse […] »
M. ROMATET reprenant les propos introductifs de Pierre-Jean GRACIA indique que l’immobilisme ne profite pas au plus faible, il estime qu’une bonne partie des changements à effectuer sont internes au système de santé lui-même. Il en appelle donc à la mobilisation de tous les acteurs de la médecine de ville et des établissements hospitaliers.
Le système de santé nous appartient et ce sujet est « l’affaire de tous » comme le souligne M. ALBINET, d’où la nécessité d’avoir des débats ouverts.
Le Président CANIARD s’interroge sur la possibilité, pour les plus défavorisés d’entre nous, d’accéder aux soins demain ? Contrairement a une compagnie d’assurance, qui sélectionne sa clientèle en fonction du risque, la Mutualité est basée sur la solidarité et la protection de chacun quelque soit son âge, son niveau social, ses risques… Il souhaite que la Mutualité puisse démontrer son rôle au travers d’une évaluation du service social des mutuelles ; évaluation qui sera présentée courant 2012.
Il faut donc changer les règles du jeu en démontrant que tous les acteurs travaillent ensemble sur un projet global, commun, pour proposer des solutions.