La Mutualité Française place les questions de santé au cœur du débat électoral

Le lundi 4 Juin 2012, veille des élections législatives, la Mutualité Française Languedoc-Roussillon a réuni certains acteurs du système de santé pour un débat public « La santé dans le débat 2012 ». L’occasion de présenter la vingtaine de propositions formulées par la Mutualité Française et d’en débattre entre experts et avec les 200 personnes présentes dans la salle de conférence de l’Atria à Nîmes.

L’absence presque totale des questions de santé lors des échanges entre candidats à l’élection présidentielle justifiait l’organisation de ce débat.
La Mutualité Française Languedoc-Roussillon et son Président, Jean-Claude Rousson ont donc invités Jean-Martin Cohen Solal, Directeur Général de la Mutualité Française, Jean-Pierre Lacroix, Président du CISS LR, et le Docteur Ortiz,  Président de l’URPS médecins libéraux en Languedoc-Roussillon à réagir aux propositions de la Mutualité Française face au problème de l’accès aux soins. Dans la salle, plus de 200 personnes dont certains élus, professionnels de santé mais aussi de simples assurés sociaux ont pu intervenir et montrer, eux aussi, l’importance qu’ils accordent à ces questions.

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©R. LEBERT-SUAVE – Mutualité Française LR

 Jean-Martin Cohen Solal Directeur Général de la Mutualité Française

Les propositions de la Mutualité Française

Comme pour répondre à Jean-Claude Rousson, qui s’est exprimé avant lui  en regrettant que « sur un sujet majeur qui touche l’ensemble des Français  force est de constater que les réflexions et les propositions élaborées par les décideurs manquent bien souvent d’ambition. », Jean-Martin Cohen Solal précise dès le début de son intervention «  nos propositions sont ambitieuses, certes, mais réalistes » avant d’évoquer les trois axes de réflexions qui ont permis d’organiser ces propositions :

  • Renforcer le rôle du médecin traitant, pour lui donner les moyens d’assurer pleinement son rôle pivot dans le parcours de soins.

Pour cela, il est important de conforter ses missions ainsi que la rémunération du médecin et de l’équipe associée.

L’une des idées importante de ce premier axe est de dispenser totalement les adhérents de l’avance de frais pour les soins assurés chez leur médecin traitant, en développant la pratique du tiers payant , spécialement pour les structures organisées de médecine de proximité bien réparties géographiquement (centres de santé, maisons et pôles). Soutenir, notamment sur le plan conventionnel, l’exercice collectif et coordonné du médecin généraliste et de l’équipe soignante associée à la prise en charge du patient dans ce type de structure. Pour cela, la Mutualité Française propose d’instaurer un forfait de coordination.

Pour renforcer la coopération entre les professionnels de santé, il faut revoir les modes de rémunération des pharmaciens et leur donner des missions nouvelles, pour améliorer la prise en charge des assurés sociaux et l’efficience du parcours de soins dans le suivi des patients.

  • Réduire la part des dépenses de santé restant à charge, première cause du renoncement aux soins.

Pour ce faire, la Mutualité Française propose de maîtriser les dépassements d’honoraires des médecins de secteur 2 en plafonnant les tarifs et placer hors convention les médecins dépassant  ces plafonds. L’autre proposition importante est d’améliorer la prise en charge des soins optiques et dentaires ainsi que des audioprothèses. L’une des pistes serait, par exemple, de permettre aux mutuelles de diminuer le reste à charge des soins optiques et dentaires en leur donnant un cadre juridique assurant la même liberté de conventionnement qu’aux autres acteurs de la complémentaire santé. Une autre serait de rendre public les tarifs des professionnels de santé.

  • Instaurer un droit réel à une complémentaire santé solidaire, de qualité et à un prix accessible pour tous et garantir ainsi, à tous les âges de la vie, l’accès à une mutuelle.

Avec l’instauration des taxes sur les mutuelles, entraînant un surcoût pour les mutualistes, dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat,  beaucoup de Français n’ont pas d’autre choix que de renoncer à leur complémentaire santé. C’est pourquoi la Mutualité propose  d’aider au maintien de la mutuelle en cas de perte d’emploi, séparation, départ en retraite…, en instaurant plus de mutualisation entre les contrats d’entreprise et les contrats individuels. Il est aussi question de définir des règles assurant davantage de mutualisation des garanties complémentaires et réserver les aides fiscales et sociales aux garanties réellement solidaires.

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©R. LEBERT-SUAVE – Mutualité Française LR

(De gauche à droite) Jean-Claude Rousson Président de la Mutualité Française Languedoc-Roussillon,  Jean-Martin Cohen Solal Directeur Général de la Mutualité Française, Jean-Pierre Lacroix Président du CISS LR et le Docteur Ortiz Président de l’URPS médecins libéraux en Languedoc-Roussillon.

Hôpital public versus soins de ville

Jean-Olivier Arnaud, Directeur Général du CHU de Nîmes était présent dans la salle et n’a pas manqué d’intervenir pour défendre son point de vue sur l’hôpital. « Quand on parle de dépassement d’honoraires, il est important de rappeler que dans le secteur hospitalier public, 98% des actes ambulatoires effectués le sont au tarif de l’assurance sociale, notamment  tous les actes réalisés aux urgences soit 200 personnes par jour». Son intervention fait suite à celle du Docteur Ortiz,  Président de l’URPS médecins libéraux en Languedoc-Roussillon qui rappelle que la moitié du budget de la Sécurité sociale est consacrée à l’hôpital dont « le fonctionnement est un monstre empêtré dans un système bureaucratique coûteux dont on ne sortira pas sans une réorganisation complète du secteur. » Sur ce dernier point, qui semble mettre tout le monde d’accord, Jean-Olivier Arnaud rappelle que trop de patients se rendent aux urgences par défaut d’autres structures et que «  l’hôpital  est ouvert 24/24 heures toute l’année et qu’il offre des permanences de soins qu’il est difficile, voir impossible de trouver autre part » soulignant ainsi la question de l’accessibilité aux soins.

Sur cette question la Mutualité Française apporte une série de propositions sur la mise en œuvre d’un « lien entre les soins de ville et les établissements », notamment en matière de transmission de l’information. La Mutualité préconise également d’organiser le développement de nouvelles pratiques de prises en charge des patients, telles que la chirurgie ambulatoire, l’hospitalisation à domicile (HAD), ou la télémédecine, dès lors que leur pertinence médicale et économique est vérifiée.

Elle précise aussi que l’accès à l’hôpital devra être limité par une « meilleure gestion des cas d’urgences ». La régulation sera assurée par des « structures d’accueil », faisant référence aux centres de santé, maisons et pôles ou se regroupent notamment des généralistes et spécialistes et une organisation privilégiant la permanence de soins.

Déserts médicaux : perte de chances

La question de l’accessibilité aux soins fait écho au problème des déserts médicaux.

Pour répondre à l’intervention du Dr Ortiz qui parlait de patients ayant pris l’habitude de «l’immédiateté des soins », Jean-Pierre Lacroix insiste sur le fait qu’« il est inconcevable que certains aient moins de chances que d’autres d’être soignés » et précise que des gens, situés dans ce que l’on appelle des zones blanches, peuvent risquer leur vie.

En rappelant que l’incitation géographique pour les médecins ne marchait pas, que l’idée de  contrainte, est inapplicable car insupportable, « les réponses doivent être originales ». Citant les solutions de maisons médicales, de médecine de groupe, Jean-Pierre Lacroix donne ensuite l’exemple du travail de formation des médecins généralistes Lozériens aux actes d’urgences.
 « Il y a, entre la Lozère et l’Hérault, l’une des plus grandes disparités médicales de France. On ne peux pas attendre et laisser des patients sans solutions, c’est pourquoi nous devons agir, et c’est ce que nous faisons… notamment avec M. Arnaud, ici présent, qui soutient nos initiatives et participe à des visioconférences».

Avant de devenir président de la République, le candidat François Hollande abordait le sujet avec une série de propositions, dont certaines sont proches de celles de la Mutualité Française.
Le candidat socialiste a proposé de lutter contre les déserts médicaux afin d’assurer un égal accès aux soins sur l’ensemble du territoire. Symbole de cette répartition rééquilibrée : « chaque concitoyen devra trouver un service d’urgence à moins d’une demi-heure de trajet de chez lui ». Un objectif qui pourrait se concrétiser notamment grâce à la création de pôles de santé de proximité dans chaque territoire.

La santé, une préoccupation de tous

Dans la salle, de nombreuses personnes, pourtant peu habituées à entendre parler des questions de santé, se sont félicitées de l’organisation de cette soirée. Certains ont ainsi pu prendre la parole pour expliquer qu’ils avaient entendu, lors de cet échange, bien plus de propositions et de réponses, qu’ils n’en entendent dans les médias grands publics. Une participante prend ainsi  la parole et explique : « A part les chiffres abyssaux du trou de la Sécu, ressassés régulièrement dans les journaux télévisés, comme dans l’attente d’un nouveau record, je comprends combien le problème de l’accès au soin est grand et complexe. Je me réjouis d’entendre ici autant de propositions qui vont dans le sens des patients tout en tenant compte des difficultés financières de ce secteur… » Et Jean-Martin Cohen Solal, d’expliquer que le rôle des Unions Régionales de la Mutualité Française est essentiel pour travailler sur le terrain, écouter les attentes des assurés sociaux et relayer l’information. « C’est sans doute la raison pour laquelle nos propositions rencontrent un écho positif de la part des premiers concernés, les patients, les mutualistes et une grande partie des professionnels du secteur de santé. »

R. LEBERT-SUAVE.